La borne zéro est un outil de politique monétaire expansionniste où une banque centrale abaisse les taux d'intérêt à court terme à zéro, si nécessaire, pour stimuler l'économie. Une banque centrale qui est forcée d'adopter cette politique doit également poursuivre d'autres méthodes de relance, souvent non conventionnelles, pour relancer l'économie.
La borne zéro fait référence au niveau le plus bas auquel les taux d'intérêt peuvent tomber, et la logique veut que zéro soit ce niveau. La principale flèche du carquois de la politique monétaire d'une banque centrale est le taux d'intérêt. La banque manipulera les taux d'intérêt pour soit stimuler une économie stagnante, soit atténuer une surchauffe. Clairement, il y a des limites, surtout dans le bas de la fourchette.
La borne zéro est la limite inférieure à laquelle les taux peuvent être réduits, mais pas plus loin. Lorsque ce niveau est atteint et que l'économie est toujours sous-performante, la banque centrale ne peut plus fournir de relance via les taux d'intérêt. Les économistes utilisent le terme de trappe à liquidité pour décrire ce scénario.
Face à une trappe à liquidité, des procédures alternatives de relance monétaire deviennent souvent nécessaires. La sagesse conventionnelle était que les taux d'intérêt ne pouvaient pas passer en territoire négatif, ce qui signifie qu'une fois que les taux d'intérêt atteignent zéro ou sont proches de zéro, par exemple 0,01 %, la politique monétaire doit être modifiée pour continuer à stabiliser ou à stimuler l'économie.
L'outil de politique monétaire alternatif le plus connu est peut-être l'assouplissement quantitatif (QE). C'est là qu'une banque centrale s'engage dans un programme d'achat d'actifs à grande échelle, impliquant souvent des bons du Trésor et d'autres obligations d'État. Non seulement cela maintiendra les taux à court terme bas, mais cela fera baisser les taux à plus long terme, ce qui incitera davantage à emprunter.
Depuis la Grande Récession de 2008 et 2009, certaines banques centrales ont repoussé les limites du zéro en dessous du niveau numérique et mis en place des taux négatifs. Alors que l'économie mondiale s'effondrait, les banques centrales ont abaissé les taux pour stimuler la croissance et les dépenses. Cependant, alors que la reprise restait lente, les banques centrales ont commencé à entrer dans le territoire inexploré des taux négatifs.
La Suède a été le premier pays à entrer sur ce territoire, lorsqu'en 2009 la Riksbank a abaissé le taux repo à 0,25 %, ce qui a poussé le taux de dépôt à -0,25 %. Depuis lors, la Banque centrale européenne (BCE), la Banque du Japon (BOJ) et une poignée d'autres ont emboîté le pas à un moment ou à un autre.
Il y a des cas où des taux négatifs ont été mis en place en temps normal. La Suisse en est un exemple; pendant une grande partie des années 2010, son taux d'intérêt cible était de -0,75 %, qui a été porté à -0,50 % en 2021. Le Japon avait également adopté une politique de taux d'intérêt négatifs (NIRP), avec un taux cible de -0,1 %.
La Banque nationale suisse (BNS) maintient une politique de taux d'intérêt négatifs. Bien qu'il existe d'autres exemples de taux d'intérêt négatifs, l'exemple suisse est plutôt unique en ce sens que le pays choisit de maintenir des taux très bas (et négatifs) pour éviter que sa devise ne s'apprécie trop.
Dans l'exemple suisse, les taux d'intérêt négatifs ne sont appliqués qu'aux soldes bancaires en francs suisses dépassant un certain seuil.
La Suisse est considérée comme une valeur refuge, avec un faible risque politique et inflationniste. D'autres exemples de politiques de taux d'intérêt négatifs et liés à zéro sont souvent apparus en raison des turbulences économiques, qui nécessitent une réduction des taux d'intérêt pour stimuler l'économie. La situation suisse ne correspond pas à ce scénario.
La BNS a soutenu qu'elle devait maintenir des taux bas pour éviter que la valeur de sa monnaie, déjà relativement élevée, n'augmente encore plus. Une monnaie en hausse nuit à l'industrie d'exportation suisse. Par conséquent, la BNS a adopté une approche à deux volets pour contrôler la monnaie. La Banque s'est activement engagée dans des interventions sur le marché des changes pour aider à plafonner la force du franc suisse, et maintient également les taux d'intérêt bas ou négatifs pour dissuader les achats spéculatifs de franc.
Dans cette situation, la BNS adoptera éventuellement une stratégie de zéro pour revenir à 0% et au-dessus. Cependant, cela n'arrivera pas tant que la banque centrale ne sentira pas qu'elle peut augmenter les taux sans provoquer une hausse trop importante de la devise.